Quand et où naissent ces chansons

Vers 1850, avec l’avènement de l’industrie du textile dans les grandes villes du Nord, la population urbaine augmente. Devant la dureté des conditions de travail, les ouvriers se regroupent, il faut un lieu pour ces « Sociétés »; ce sera le cabaret.

Célèbre cabaret à l’enseigne du Chat Barré, 10 quai de la Basse-Deûle
© BM de Lille

« Une belle illustration de l’importance de ces cabarets : Alexandre Desrousseaux Le cabaret du pèlerin, Cote HR12 0330-1.

C’est à cette époque aussi que l’industrie minière se développe. Autour des fosses et des corons, les mêmes angoisses, la même misère ; les mineurs et parfois leurs familles, se retrouvent dans les Estaminets pour oublier la rudesse du métier.

Dans ces lieux la communauté ouvrière discute certes de ses droits et de politique, mais elle se divertit aussi pour oublier le quotidien. Les jeux, la boisson et les chansons sont au centre de ces rencontres. Et pour faire corps on chante souvent en groupe.

Des « Sociétés chantantes » sont créées autour d’un groupe, parfois les chansons naissent de discussions et de partages, en communion. Plus souvent, un individu se trouve quelques talents de chansonnier, que le groupe approuve et encourage.

Florin, Société « Les toujours jeunes », Collection du Musée de Roubaix (in Marty, Chanter pour survivre, 1982, RL 10230).

Pour la plupart, ces amateurs ne sont pas musiciens. Ils sont simplement rimeurs patoisants et ils « collent » leurs mots sur des airs populaires déjà connus de tous : Chansons de Carnaval ou hymnes patriotiques … Ils sont ouvriers, fileurs, cordonniers … Beaucoup sont même illettrés.

Fleurquin D., Feuille de chanson Le chien empoisonné, Lille, imp. Six-Horemans ©Gallica

Lacasse J., Feuille de chanson Carrette à quien, Lille, imp. Six-Horemans, [sans date] ©Gallica